Une anecdote pour celui qui en a demandé et pour tous les autres aussi…
Il est temps de vous raconter une petite histoire que nous n’avons pas partagée jusqu’à maintenant.
Vous vous souvenez du début de notre traversée du Golfo de Penas (12 fevrier): encalminés au sud de la péninsule de Taitao : à ce moment là, nous n’avions plus de moteur… Au passage de quart entre Arnaud et Emmanuelle, la veille à 4h du mat’ par 8°C et sous la pluie, notre vitesse est passée progressivement de 7 noeuds à 5, puis à 3, puis à zéro… Volvolito tournait comme un charme mais n’entraînait plus l’hélice (ni en marche avant ni en marche arrière). En milieu de journée, un petit vent du sud s’est levé et nous sommes rentrés dans le Golfo des Tres Montes pour aller mouiller à l’ancienne (= tout à la voile) dans une très jolie caleta. Belle manœuvre !
Nous voilà donc bien seuls au mouillage avec un volvolito encore malade : nous avons vraiment la « scoumoune » ! Il a encore les fonctions « je fais de l’électricité et de l’eau chaude », mais plus la fonction « je fais avancer le bateau ».
Dans la soirée, avec la radio VHF, nous arrivons à entrer en contact avec l’Armada du Chili a qui nous expliquons notre problème et avec un pêcheur qui propose de venir nous aider le lendemain dans la soirée après sa journée de travail…
Le lendemain donc, comme promis, vers 18 heures, nous voyons une lancha (nom des bateaux de pêche au Chili) qui approche de notre mouillage (c’était bon de voir du monde !). Juan le « mécano » du bord propose de regarder le moteur et fait un diagnostic : c’est une pièce de transmission à l’intérieur du moteur qui est cassée. En espagnol : le « damper ». On ne connaît toujours pas le nom de la pièce en français.
Mais pourquoi et comment a-t-elle pu lâcher ? Est-ce dû à la fatigue, à un problème de lors du remontage à Valdivia, à un obstacle pris dans l’hélice pendant la nuit ? Nous n’en savons rien, mais lors de la traversée quelques jours plus tard (à la voile) du Golfo de Penas, on a été arrêtés « net ». Nous sommes passés de 8 nœuds à 0 en 3 secondes, mais tout en douceur. On avait percuté un immense paquet d’algues flottantes. Ca doit peser quelques tonnes, et il faut du temps, en jouant avec les voiles, pour s’en dépêtrer. On reste donc sur l’hypothèse d’un blocage similaire de nuit, qui a forcé sur l’hélice, l’inverseur, et sur notre pauvre damper qui a cassé. Comme il y avait beaucoup de houle, on n’a rien senti. Il faut bien que quelque chose cède dans ces cas.
Nos amis pêcheurs nous ont donc remorqués (1 heure) dans leur camp de base, là où il y avait des outils pour tenter une réparation. Avec les moyens du bord, il a réparé avec 6 vis pour reprendre le couple de Volvolito (40cv quand même). Merci 1000x pour cette réparation de fortune. C’est à cette occasion que l’on a passé 3 jours merveilleux avec eux (pain, partie de foot, OL-Real Madrid, dauphins, etc.)
Voici notre "damper" bricolé !
Notre ami "Juan le bricoleur" et les enfants.
Magellan a parcouru ces côtes à la voile pendant des mois, on peut bien rejoindre Puerto Eden avec un moteur amoindri. On s’aide de l’annexe (et des 4cv de Mecuryssimo) pour entrer et sortir des mouillages, et des immenses qualités de Norvik, surtout par petit temps pour avancer tranquillement. Comme dans le « bon vieux temps » ! Toutes les voiles y sont passées : grand voile, génois, genaker, spi à tour de rôle pour progresser vers le Sud.
Pour plus de sécurité, on a tout de suite commandé la pièce à notre mécano de Valdivia. Merci Iridium et son email ! La pièce est partie de Suède vers Santiago par avion, puis Puerto Montt, d’où l’Armada devait nous l’acheminer jusqu’à notre prochain port : Puerto Eden.
Merci (encore une fois) à Philippe Pepet qui s’est chargé du virement bancaire (Euros / USD / Chilean Pesos) à distance.
Avant de passer « l’angostura inglesa » (= le détroit des Rozbeefs) un passage très étroit avec un fort courant juste avant Puerto Eden, nous avons appelé l’Armada à la VHF. Ils sont venu nous chercher avec une vedette et nous ont accompagnés jusqu’à puerto Eden. Encore un excellent contact avec eux : très chaleureux et offrant leur aide très volontiers.
Nous voici donc amarrés à un autre « ponton du bout du monde ».